L'Aiguillon, le bulletin d'ATTAC Faire face aux nombreux défis d’aujourd’hui

Faire face aux nombreux défis d’aujourd’hui

Bulletin no 60 - Juin 2019
Les bulletins précédents ont montré que l’espoir actuel est dans l’action des jeunes qui, partout sur la planète, se mobilisent face à l’urgence climatique pour sauver le monde dans lequel ils vivront. Pour Bertrand Guibord cette mobilisation doit nous donner espoir mais seul un mouvement intergénérationnel interplanétaire permettra de réaliser l’objectif ambitieux de « changer le système et non le climat » Depuis Bruxelles Cédric Leterme analyse les enjeux et les résultats des récentes élections au Parlement européen. Malgré quelques acquis, le nationalisme identitaire porté par l’extrême droite n’a pas été le grand gagnant mais sa défaite n’est que partielle. La gauche traditionnelle est la grande perdante de ce scrutin marqué par une forte abstention alors que les verts et les écologistes réalisaient une percée importante. Pour les militants d’Attac : il n’y a pas de véritable raison de se réjouir : l’orientation néolibérale reste dominante et prépare mal l’Europe aux nombreux défis d’aujourd’hui. Dans sa 3e chronique sur les finances publiques, Chantal Santerre démystifie le concept de péréquation. Ces transferts fédéraux dont le but est d’assurer l’équité entre les provinces sont mal perçus parce que mal connus. Son article permet de comprendre ce qu’est la péréquation, comment on la calcule, pourquoi certaines provinces en sont plus bénéficiaires que d’autres, mais surtout il montre qu'il faut se méfier des raisonnements spontanés. Dans le bulletin no 56 (avril 2018), Jeanne Gendreau montrait que le Bâtiment 7 est le résultat de 10 ans de luttes citoyennes. Un an plus tard, elle est retournée voir où en était le projet, ses réussites, ses espoirs, mais aussi ce qui menace son développement, notamment un développement immobilier soutenu par la ville. Les luttes citoyennes ne sont jamais finales et la solidarité toujours nécessaire. Loin d’être seulement une technique agricole, la permaculture – en lien avec l’écoféminisme – est une philosophie, un mode de vie, et un ensemble de pratiques mais surtout une des nombreuses voies de sortie du capitalisme de croissance. Elle est une des alternatives qui s’inscrivent dans le grand mouvement de la transition écologique.

Table des matières

Le billet du CA

L’espoir: partout des jeunes agissent pour changer le monde

par Bertrand Guibord
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Le grand enjeu de notre époque est sans conteste l’environnement : face à la disparition potentielle de l’espèce humaine, toute autre question paraît à juste titre secondaire. Nous sommes collectivement face à une urgence d’une gravité sans précédent, qui appelle la solidarité et la détermination de toutes et de tous afin de relever le plus grand défi jamais posé à l’humanité. 1-logo_billet.jpgCette urgence explique le fort courant de mobilisation planétaire autour des enjeux climatiques et environnementaux, en particulier chez les jeunes qui en seront les premières victimes 1. Depuis plusieurs mois, du primaire à l’université, les jeunes du Québec se sont lancés dans une mobilisation impressionnante, tenant des journées de grève et d’action tous les vendredis durant 14 semaines ce printemps. Le 15 mars, nous étions près de 150 000 à répondre à leur appel dans les rues de Montréal pour la plus grande manifestation du globe en cette journée de mobilisation mondiale. Vu son importance fondamentale et la complexité des problèmes qu’elle soulève, la question environnementale demeurera au centre de l’actualité et de la vie militante encore longtemps. Avec la création d’un comité sur la transition économique et écologique, Attac Québec continuera à intervenir sur ces deux fronts, plus liés qu’il ne peut le sembler à première vue.

En effet, les enjeux économiques et environnementaux ont ceci en commun qu’ils s’articulent à une échelle globale. Impossible dans un cas comme dans l’autre de s’attaquer aux problèmes en vase clos. Seule une mobilisation internationale concertée nous permettra de venir à bout des législations complaisantes qui permettent toutes sortes d’abus, autant sur le plan environnemental qu’économique. Aux deux niveaux, la lutte se mène contre les intérêts économiques les plus puissants, qui exercent un pouvoir déterminant sur les états et les politiques mises en place par ceux-ci, partout sur la planète. f-manif_alger_fille_5e_paragraphe_.jpgMais partout sur la planète les jeunes prennent en mains leur avenir politique : en Algérie, elles et ils ont été à l’avant-garde des manifestations ayant entraîné la chute du président Bouteflika, laissant poindre une transformation en profondeur du régime politique algérien. Au Soudan, la jeunesse a lancé un mouvement de contestation du pouvoir militaire en place qui a inspiré ses aînés et forcé l’Union africaine à sévir contre le pays jusqu’à ce que les civils reprennent le contrôle de l’état.

La génération montante conteste l’ordre établi, et dénonce les injustices d’un système qu’elle n’a pas choisi et dont elle fait les frais. Cette mobilisation des jeunes doit nous inspirer et nous donner de l’espoir. Nous avons par ailleurs le devoir de faire en sorte qu’elle porte ses fruits, notamment en ce qui concerne l’environnement et l’économie. Ce n’est que par une mobilisation intergénérationnelle planétaire que nous parviendrons à réaliser l’objectif ambitieux qui consiste à «Changer le système, et non le climat !».

Notes

  1. Voir les bulletins d’Attac no. 59, mars 2019 et no. 56, avril 2018

Europe: paysage après la bataille (électorale)

par Cédric Leterme
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Le 26 mai dernier, les citoyens de l’Union européenne étaient appelés à voter pour renouveler les membres du Parlement européen. Seule institution composée de représentants élus au suffrage universel direct, le Parlement est toutefois la moins influente des cinq institutions clés de l’UE1 , même si ses pouvoirs ont été renforcés au fil du temps. Aujourd’hui, le Parlement a ainsi un pouvoir de codécision avec le Conseil dans toute une série de domaines, parmi lesquels l’attribution des différents postes décisionnels de l’UE, dont la Commission, la Présidence, etc. i-abstention_article_cedric_1e_paragraphe_-2.jpgL’élection des eurodéputés reste ainsi généralement marquée par une forte abstention – près d’un Européen sur deux ne s’est pas rendu aux urnes – et le scrutin est très largement dominé par des enjeux étroitement nationaux, même si, là encore, la situation tend à évoluer. En effet, en particulier depuis la crise de 2008, la « construction européenne » ne va plus de soi. Longtemps régie par un consensus si large qu’il semblait exclure le moindre débat politique un peu consistant, l’Europe est aujourd’hui contestée à la fois dans son fonctionnement et dans ses fondements. Signe des temps, les deux groupes politiques historiquement dominants au sein du Parlement – le Parti populaire européen (PPE, droite conservatrice) et l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D, centre-gauche) – ne représentent plus la majorité des sièges. Pour la première fois depuis les premières élections européennes, en 1979, ils devront compter avec au moins un autre groupe, ce qui fait déjà l’objet d’âpres marchandages.

Un péril « populiste » plus ou moins contenu… pour l’instant

Un des enjeux majeurs de ce scrutin consistait toutefois surtout à évaluer le poids électoral des forces maladroitement qualifiées de «populistes» et «d’eurosceptiques», ainsi que leur capacité future à peser – voire même à bloquer – le fonctionnement de l’Union. Les résultats en France et en Italie étaient particulièrement scrutés, dans ce contexte, dans la mesure où le Premier ministre italien Matteo Salvini et Marine Le Pen en France se faisaient les chantres d’une vaste alliance des forces d’extrême droite destinée à opposer au «mondialisme» européen, un nationalisme identitaire centré essentiellement sur le rejet de l’immigration.

Les résultats, de ce point de vue, n’ont pas été à la hauteur de leurs attentes. D’abord, parce que la poussée électorale, bien réelle, de l’extrême droite n’a pas été aussi forte qu’annoncée dans les sondages. La liste de Marine Le Pen est ainsi arrivée en première place en France, par exemple, mais au coude-à-coude avec celle de Macron. En Italie, Salvini fait (beaucoup) mieux en passant de 6 à 28 sièges, mais à l’échelle européenne, on assiste surtout à une consolidation des bastions de la droite radicale plutôt qu’à un véritable raz-de-marée. Ensuite, parce que les efforts franco-italiens visant à unifier dans un même «super-groupe» – baptisé « Identité et démocratie » – toutes les forces d’extrême droite du Parlement ont à nouveau buté sur les refus hongrois, polonais et britannique, entre autres. Leur nouveau groupe ne compte donc finalement «que» 73 députés, ce qui en fait seulement le 5e groupe en importance au Parlement, loin des ambitions affichées durant la campagne et que les résultats auraient pu permettre.

Cette demi-défaite ne doit toutefois pas masquer des réussites plus fondamentales de l’extrême droite européenne. D’abord, le fait même que l’on en soit arrivé à se satisfaire d’une « poussée contenue » en dit long sur la menace durable qu’elle incarne à l’échelle du continent. De ce point de vue, les scores qu’elle obtient dans des pays au passé pourtant chargé en la matière comme l’Italie, l’Allemagne ou encore l’Espagne est loin d’être rassurant. Mais c’est surtout sa capacité à polariser le débat sur des thématiques identitaires qui lui permettent de se présenter comme la seule alternative radicale aux orientations actuelles de l’UE qui en constitue, de loin, le principal acquis. Alors même que le nombre de migrants qui parviennent à atteindre le territoire de l’UE a radicalement baissé ces dernières années, l’extrême droite continue en effet de surfer sur la crainte d’une « invasion de masse » qu’elle entretient elle-même massivement. Elle prône ainsi des politiques de criminalisation des migrants et de ceux qui les aident, politiques dont le bilan humain est catastrophique.

Une gauche inaudible

Évidemment, elle est aidée dans cette entreprise par des forces néolibérales trop contentes que le débat se joue sur des oppositions morales plutôt que socioéconomiques. En France, Macron est ainsi le premier à partager l’analyse que portait Marine Le Pen au lendemain du scrutin : «L’effacement des vieux partis et la bipolarisation Rassemblement national/En marche confirme le nouveau clivage nationaux/mondialistes qui domine maintenant notre vie politique et qui se met en place de manière durable.» 2

Pourtant, non seulement la politique migratoire de Macron n’a rien à envier au programme de l’extrême droite, mais en outre le succès de l’ex-Front national s’est aussi en grande partie construit sur la reprise opportuniste de politiques et de discours de défense des classes populaires historiquement portés par la gauche. Or, minée par ses ambiguïtés et ses contradictions, notamment sur la question européenne, celle-ci est aujourd’hui pratiquement inaudible et elle apparaît en tout cas comme la grande perdante du scrutin du mois de mai dernier. Le principal groupe européen de la gauche radicale et écosocialiste, la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) perd ainsi 9 sièges et ne représente plus aujourd’hui que le 8e groupe en importance du Parlement. Plus largement, il n’y a qu’en Espagne et au Portugal qu’une des forces de droite n’arrive pas en tête. Justement les rares pays où la gauche essaye concrètement (quoique timidement) de rompre avec l’austérité…

Une percée écologiste aux conséquences ambiguës

j-verts_.jpgPlus réjouissant de prime abord, le résultat des écologistes, qui gagnent 23 sièges et deviennent la quatrième force du Parlement avec quelques victoires éclatantes, notamment en Allemagne, traduit quant à lui l’importance qu’ont enfin acquis les enjeux environnementaux, notamment dans la lignée des marches pour le climat qui se sont succédées ces derniers mois en Europe et ailleurs dans le monde. Toutefois, les orientations défendues par différents membres du groupe écologiste au Parlement européen, à l’image précisément des verts allemands, par exemple, les situent plutôt du côté d’une écologie (néo)libérale qui séduit surtout les classes moyennes aisées et urbaines en laissant largement de côté les fondements structurels de la catastrophe écologique en cours, ainsi que ses dimensions socioéconomiques. Or, à défaut d’adresser à la fois les problèmes «de fin du monde et de fin du mois», pour reprendre une expression popularisée dans le contexte de la lutte des gilets jaunes en France, les écologistes risquent bien de renforcer le clivage « bobos/classes populaires » sur lequel surfent aussi allègrement l’ensemble des partis d’extrême droite à l’heure actuelle en Europe (et ailleurs).

Double blocage européen

Difficile donc de trouver de véritables motifs d’espoir dans les résultats du dernier scrutin européen. Ceux-ci confirment en effet le désaveu dont souffrent à la fois le projet européen et, surtout, les principales forces politiques qui en ont historiquement consolidé l’orientation néolibérale. Un point positif, dans la mesure où cette situation pousse à repolitiser une construction européenne qui s’est trop longtemps abritée derrière de grands idéaux pour justifier des politiques profondément injustes et anti-démocratiques. Néanmoins, pour l’instant, ce sont surtout les forces d’extrême droite qui en profitent et qui canalisent ce rejet vers le soutien à des politiques identitaires qui ne font que diviser les classes populaires en épargnant les principaux bénéficiaires des orientations économiques actuelles, à savoir les entreprises et les classes aisées.

De la même manière, l’émergence salutaire d’une plus forte conscience écologique en Europe se dessine aujourd’hui surtout au profit de forces politiques qui peinent à défendre une écologie de rupture claire avec le capitalisme, au risque d’en faire une écologie inoffensive et/ou profondément inégalitaire. Plus largement, il faut également rappeler que ce n’est de toute façon pas au sein du Parlement européen que se joue principalement l’avenir de l’Europe, tant les compétences du Parlement sont limitées et l’orientation néolibérale de l’UE, verrouillée. Dans ce contexte, l’UE semble doublement bloquée.cedric_image_3_redimentionnee.jpgDifficile, voire impossible, d’approfondir le projet actuel tant il fait l’objet d’un rejet de plus en plus large. Mais il demeure tout aussi difficile, voire impossible, d’en espérer une réorientation radicale, et a fortiori progressiste, tant les obstacles institutionnels et politiques semblent nombreux et à vrai dire insurmontables. Reste donc le scénario actuel de décomposition plus ou moins larvée qui laisse les populations européennes bien mal armées pour faire face aux nombreux défis (écologiques, géopolitiques, économiques) d’aujourd’hui.


Le GRESEA est un lieu de réflexion, d’analyse et de proposition ainsi qu’un centre de formation et d’information sur les mécanismes et les acteurs de l’économie internationale et en particulier sur la dimension Nord-Sud de cette dernière. .

Notes

  1. À savoir, outre le Parlement : la Commission européenne, le Conseil de l’Union européenne, la Cour de justice de l’Union européenne et la Banque centrale européenne. Pour plus de détails sur l’architecture et le fonctionnement institutionnels de l’UE, lire C. Leterme, « De quoi l’Union européenne est-elle le nom ? », Bulletin d’Attac Québec, n°42, Décembre 2013, p. 2-3.
  2. https://fr.euronews.com/2019/05/27/populistes-eurosceptiques-et-extreme-droite-renforces-par-ce-scrutin-europeen.

De l’écoféminisme à la permaculture

par Jeanne Gendreau
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L’écoféminisme et la permaculture ont de nombreuses souches communes, autant dans leur philosophie que dans leur pratique. Pour les écoféministes, la cause de la Nature1 fait partie de la cause des femmes. Il y a l’égalité entre hommes-femmes et l’égalité Humanité-Nature. Féminité et Nature sont des concepts qui s’associent quand il s’agit de dénoncer l’impact de deux autres concepts : la croissance à tout prix et l’économie capitaliste. Pour qui partage la vision écoféministe du monde, la Nature est une alliée à respecter et non un bien à exploiter. ( eco vient du grec, oikos, qui signifie habitat). Détruire les écosystèmes nécessaires à la survie de l’ensemble est une posture de domination propre au masculin. Considérer aussi la Nature comme victime des valeurs masculines de prédation différencie les écoféministes des féministes « de droit ».

La permaculture: une philosophie

image_2_eco.jpgComment la permaculture s’insère-t-elle dans ce débat? Le terme «permaculture» a d’abord été inventé (dans les années 50 en Australie par Bill Mollison), pour décrire un système évolutif où les espèces végétales et animales utiles à l’humain se perpétuent grâce à leurs propres interactions. Les échanges entre les différents systèmes se font sans pression, sans violences, sans hautes technologies, sans pesticides, sans produits chimiques. La rapidité des résultats importe peu, non plus que la quantité. Le concept a beaucoup évolué depuis : la permaculture est maintenant une philosophie et un mode de vie qui s’insère dans le grand mouvement de la transition écologique et juste. La façon dont les personnes et les communautés organisent leur habitat, les relations entre eux et avec la Nature s’inscrit dans une éthique globale de vie. L’écoféminisme et la permaculture, ont évolué séparément, dans des contextes différents, jusqu’à ce que la crise climatique les relie l’un à l’autre de façon spontanée et informelle.

La réalité des femmes dans les pays du Sud en a obligé plusieurs à se reconnecter avec une agriculture différente et inventive. Responsables de nourrir leur village et leur famille, ces femmes ont dû compenser la pénurie de ressources. La course vers la croissance infinie propre aux pays de Nord provoque cette déprédation2 «programmée» et est facilitée par des siècles d’exploitation colonialiste. Ces femmes ont observé les écosystèmes et leurs mouvements, et ont travaillé concrètement à les rééquilibrer. Elles ont élargi le partage des connaissances, ont protégé leurs semences ancestrales, etc. En fait, elles découvraient et appliquaient instinctivement la permaculture comme nouveau mode de vie, et de survie.

Des écosystèmes égalitaires

image_1_eco_redimenstionnee.jpg L’écoféminisme a de nombreuses facettes idéologiques et pratiques. Mais que la tendance soit à dominante féministe ou écologiste, le mouvement écoféministe rejoint la permaculture par son refus de s’inscrire dans la lutte de pouvoir capitaliste : pouvoir de l’homme sur la femme, pouvoir de l’humain sur la Nature, pouvoir d’un peuple sur l’autre, pouvoir du 1% sur toute une population. Au contraire, pour les écoféministes et les permacultrices, chaque système a un apport à l’ensemble et un rythme qui lui est propre dépendant de son rôle. Ces rôles ne sont pas figés dans le temps ni cantonnés à un espace. Chaque composante est dépendante d’une autre mais dans un contexte d’entraide et non de domination. Les écosystèmes fonctionnent donc horizontalement. La permaculture et l’écoféminisme sont en évolution constante.

Aujourd’hui, notamment au Québec et en France, plusieurs projets se réclament de ces mouvements. Que ce soit les femmes qui se mobilisent pour que cessent les agressions planifiées contre la Nature (extrativisme, oléoducs, pesticides, etc.) ou celles (et ceux) qui créent des cultures diversifiées sans pesticide ou qui inventent des outils agricoles qui n’endommagent pas les systèmes3 , toutes et tous amorcent et participent à la transition.

Une transition multiple

Cette transition est et sera multiple. L’écoféminisme et la permaculture s’inscrivent dans ce mouvement à long terme. Il y a beaucoup de tâtonnements pour sortir des sillons encastrés du capitalisme néolibéral. Celles (ceux) qui inventent des fermes, créent des jardins où il fait bon vivre, nourrissent leur milieu en s’articulant en harmonie avec le vivant, transforment un univers de proximité. Ce n’est pas sans effort. Si on faisait quelque chose de semblable «tout le monde en même temps»?4 Peut-être que le mouvement écoféministe et la permaculture pourraient inventer des alternatives viables et intéressantes où les êtres vivants pourraient vivre autrement qu’en étant ou consommateurs ou consommés? Et qu’on pourrait ainsi contribuer à diminuer les iniquités indécentes et insoutenables entre les écosystèmes qui composent notre terre?

Notes

  1. La lettre majuscule s’impose car la Nature est personnifiée dans le discours écoféministe
  2. Se rappeler que déprédation implique l’idée de dommage causé au bien d’autrui, souvent par malveillance, ou d’appropriation illégitime, conformément à l’étymologie latin praeda, proie, butin de guerre; comparer à un animal prédateur
  3. la ferme écologique du Bec Hellouin, située en France, en est un exemple https://www.fermedubec.com/la-permaculture/les-outils/
  4. Louis-Jean Cormier, Tout le monde en même temps, album Les Grandes Artères, 2015
INITIATIVES INSPIRANTES

Bâtiment 7… un an après

par Jeanne Gendreau
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Bâtiment 7 n’est plus un projet. Depuis un an, «ce rêve fou d’autogestion» s’est réellement incarné dans le quartier Pointe St-Charles. Rappelons qu’il a fallu au moins 10 ans de luttes citoyennes pour qu’en avril 2018, les portes du B7 s’ouvrent enfin à la population. Grâce à ce travail titanesque, cet ancien bâtiment ferroviaire est maintenant un lieu convivial de rencontres et de vivre-ensemble.

Une brasserie et une épicerie

image_2_b7.jpg Au premier regard, deux enseignes sont fièrement affichées. «Les sans-Tavernes» (bar, brasserie, coop) et l’épicerie «Le Détour». Les locaux sont maintenant aménagés et fonctionnels. Le bar et sa terrasse sont remplis en cette belle fin d’après-midi. Y règne une ambiance amicale et joyeuse où l’on peut circuler d’une table à l’autre, tout en dégustant une de la dizaine de bières brassées ici même. Les enfants y sont les bienvenus, ce qui a demandé de nombreuses démarches administratives. Tout à côté, la coopérative alimentaire Le Détour offre des choix variés : légumes et fruits frais, pain artisanal, produits exotiques, produits en vrac, etc. à des prix très abordables. La gestion de la coopérative a demandé et demande encore plusieurs heures de travail par semaine (travail de coordination rémunéré, mais permanence bénévole en alternance). Sans doute grâce à la qualité de la gestion et de la participation citoyenne, Le Détour n’est pas en déficit et a atteint un de ses objectifs : créer une alternative au désert alimentaire du quartier. Il y a également un jardin qui vient tout juste de prendre vie. Les jardiniers débrouillards s’inspirent des objectifs de la permaculture : augmenter l’autonomie alimentaire tout en pratiquant une agriculture respectueuse des écosystèmes.

Un écosystème en évolution constante

Les ateliers tels qu’ils avaient été décrits lors de l’ouverture semblent s’articuler comme prévus. Ceux-ci sont maintenant remplis d’activités. Après un an de fonctionnement, l’atelier de soudure La Coulée a organisé une exposition de sculptures où se côtoient artistes plus expérimentés et nouveaux étudiants. Et à même cette grande salle communautaire, Francine Bernier a mis sur pied une bibliothèque, « La Boite à Volumen » 1 . Cette initiative permet la circulation des livres et crée un espace d’échanges informels. Selon l’inspiration et les disponibilités, plusieurs projets citoyens peuvent être proposés et créés, car Bâtiment 7 est un écosystème en évolution. Ainsi, cinq groupes militants, partageant les mêmes valeurs de vivre-ensemble, ont été accueillis pour partager l’espace, par exemple Kabane 77. 2 La « Fabrique d’autonomie collective » a réussi le pari de départ : cette « propriété » commune est formée de cercles de réflexion et de décisions qui forment un écosystème avec les ateliers collaboratifs et les pôles de pratique. Chaque collectif qui occupe un espace commun en est responsable : il doit le respecter, le rendre accessible à tous, et véhiculer les valeurs de l’ensemble du commun, dont la gestion directe et inclusive. Il doit également contribuer au financement de l’ensemble en accord avec les règles définies dans les cercles de délibérationimage_3_b7_redimentionneeencore.jpg 3. Cent nouveaux membres ont été intégrés et formés au processus de l’autogestion. Rompre avec le paradigme de la propriété privée et de la gestion hiérarchisée et appliquer les principes des communs «4 est un processus de transformation sociale à long terme qui est nécessairement ponctué d’avancées et de reculs. Choisir la démocratie directe comme mode de partage est éminemment politique et rejoint les objectifs de la Pointe libertaire, un des groupes fondateurs.

Les objectifs et les stratégies qui ont été définis pour la deuxième année se lisent ainsi : «construire un récit collectif pour mieux se positionner politiquement» (confié au cercle de « positionnement » et à celui de «Démocratie»), «tisser des liens forts avec la communauté» (sous la responsabilité des cercles «accueil» et «entretien»), « organiser des chouettes corvées pour créer le sentiment d’appartenance» (cercle «accueil» et «projets extérieurs»), etc. Quelques membres rencontrés qui ont participé à ces échanges et à l’élaboration de ces objectifs, se disent vraiment satisfaits du processus.

Un laboratoire de solidarité

L’autogestion par la démocratie directe fait de Bâtiment 7 un laboratoire passionnant. La détermination de ce groupe citoyen qui a réussi à articuler et concrétiser des principes de vivre-ensemble suscite l’admiration et, souhaitons-le, un mouvement de solidarité. Cet élan solidaire devra se manifester bientôt car un risque d’enclosure menace déjà l’intégrité physique du Bâtiment 7. Des condos seraient bâtis à même le terrain de l’immeuble à une proximité telle, qu’ils restreindraient considérablement l’espace vital nécessaire à un immeuble collectif voué à une vie communautaire. Le nouveau jardin est situé tout juste à côté et ne pourrait s’étendre. Un terrain destiné à la détente et aux festivités serait alors condamné, etc. (le terrain appartient toujours à Vincent Chiara du groupe Mach 5 ). La décision de permettre ou non cette expansion immobilière revient en dernier recours à la Mairesse Valérie Plante. Mais sans un vaste mouvement de solidarité, il est fort à craindre que la vue de ces quelques condos rappelle la vulnérabilité des communs. L’aventure de Bâtiment 7, du groupe Collectif 7 à Nous ne devrait pas rester unique. Bâtiment 7 pourrait être un modèle pour d’autres projets similaires, mais des tentatives récentes de réappropriation d’immeubles désaffectés en communs se sont mal terminées. «On» tolère à Pointe-St-Charles, semble-t-il, mais «on» ne veut surtout pas que ça se répande… Que souhaiter à Bâtiment 7 pour sa deuxième année d’existence? Que les projets de CPE et de chambres des naissances deviennent réalité, que ce commun soit partagé entre toujours plus de militants et surtout que cette inspiration donne vie à d’autres, un peu partout à Montréal et au Québec. Merci d’exister, Bâtiment 7 et bonne continuation de vie!

Notes

  1. Si vous avez des livres que vous n’utilisez pas, Francine Bernier serait heureuse de les récupérer
  2. Ce groupe luttait pour obtenir l’immeuble désaffecté du 77 rue Bernard (dans le Mile-end) et souhaitait créer une dynamique semblable à Bâtiment 7. Malgré un certain appui populaire, ils n’ont pu compter sur le support de l’arrondissement et de la Ville http://www.kabane77.org/.
  3. Le processus est complexe et en expérimentation constante, aussi il est difficile d’en rendre compte avec précision pour l’instant
  4. Les “communs” (ou biens communs) sont des ressources gérées par une communauté, qui en définit les droits d’usage, organise son propre mode de gouvernance, et défend les ressources contre les risques d‘enclosure. Il peut s’agir d’une communauté locale gérant une ressource matérielle.», source : Wikipédia
  5. Au fil des ans, Mach multiplie les acquisitions et ajoute à son portefeuille immobilier de nombreux immeubles en plus d’acquérir d’importants intérêts dans des immeubles prestigieux à Montréal, tels l’immeuble de la

    Tour de la Bourse, la Tour ClBC, l’immeuble Imperial Tobacco et l’Édifice Sun Life pour n’en nommer que quelques-uns. ( Le monde juridique, 26 juin 2017). Il est en mai 2019 en lice pour acquérir Air Transat

LES FINANCES PUBLIQUES POUR LES NULS

Citoyens, citoyennes, à vos finances publiques! Parlons de péréquation

par Chantal Santerre
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Qu’est-ce que ça se dit deux comptables qui se rencontrent?Qu’est-ce que tu comptes de bon? J’essaie de faire un peu d’humour, mais les blagues de comptable sont ce qu’elles sont, et je ne pense pas que vous êtes en train de vous tordre de rire. Mais je la trouvais appropriée pour vous détendre un peu avant de parler d’un sujet moins facile : la péréquation. Cette année tout particulièrement, les discussions autour de la péréquation ont été plus que houleuses, et c’est pourquoi j’ai choisi de vous en parler. Je vous propose de l’aborder sous un angle différent, soit celui des techniques d’autodéfense intellectuelle à adopter devant un discours qui, quoique traitant d’un sujet qui n’est pas si simple, nous le rend inutilement complexe parce que l’on ne sait pas exactement : ce que l’on compte ; comment on le compte ; et pourquoi on le compte.

Commençons par définir ce que l’on compte

Dans la précédente chronique, je vous présentais l’état des résultats consolidé du Gouvernement du Québec, dans lequel on retrouve les revenus et les dépenses. Dans les différents revenus, on trouve une source de revenus qui est non autonome : ce sont les Transferts du Gouvernement fédéral. Cela signifie que ces revenus ne proviennent pas du pouvoir de taxation du Gouvernement du Québec. On retrouve dans ce montant l’ensemble des transferts du Gouvernement fédéral, soit: la péréquation; le transfert pour la santé; celui pour l’éducation postsecondaire; et les autres programmes sociaux, ce qui comprend divers autres programmes qui font l’objet d’une entente.

Qu’est-ce que la péréquation?

Le programme de péréquation a été créé en 1957 dans le but d’assurer une plus grande équité entre les dix provinces canadiennes en permettant que tous les Canadiens, peu importe la province où ils résident, aient accès à des services publics sensiblement comparables, et ce à des taux d’imposition eux aussi sensiblement comparables. Ce ne sont pas les provinces qui financent la péréquation, mais bien les recettes générales du Gouvernement fédéral. Cela signifie que les provinces peuvent recevoir des paiements du programme de péréquation, mais si une province n’a pas droit à des versements de péréquation elle n’a rien à payer. De plus, il n’y a aucune condition ni obligation quant à l’utilisation que font les provinces des sommes reçues.

Comment se calcule la péréquation?

Pour la calculer, on part de la capacité de chaque province de générer des revenus de cinq sources différentes, soit : le revenu personnel via les impôts sur le revenu des particuliers ; les profits des sociétés via les impôts sur le revenu des sociétés ; la consommation via la taxe à la consommation ; la valeur des propriétés via l’impôt foncier ; et les recettes tirées des ressources naturelles. o-perequation_image_redimentionnee.jpgLes quatre premières sources de revenus permettent de calculer le montant que pourrait percevoir par habitant chaque province si toutes les provinces avaient le même taux d’imposition. Pour ce qui est des revenus provenant des ressources naturelles, on ne procède pas de la même façon parce que les ressources sont très diversifiées et que chaque province a sa propre structure de redevances. On utilise donc, pour le dire simplement et sans entrer dans la complexité du calcul, les recettes réelles par province provenant des ressources naturelles. Ce calcul permet de déterminer une capacité fiscale par habitant moyenne des dix provinces. C’est à cette moyenne canadienne que l’on compare la capacité fiscale par habitant d’une province et si une province a une capacité fiscale inférieure à la moyenne canadienne, elle aura droit à un paiement de péréquation pour combler la différence.

Par contre, si sa capacité fiscale est supérieure à la moyenne canadienne, elle ne recevra rien. Un dernier élément important dans le paiement de la péréquation est que le paiement d’une année donnée ne repose pas sur la capacité fiscale d’une province pour l’année courante, mais bien sur la moyenne des trois années qui précédent l’année du paiement. Le paiement pour l’année 2019-2020 représente ainsi 50% du paiement de 2017-2018, 25% du paiement de 2016-2017 et 25% du paiement de 2015-2016. Ce mode de calcul, adopté en 2007, permet d’éviter les fluctuations annuelles et facilite la planification budgétaire des provinces. Ceci posé, voici où votre vigilance devrait s’exercer quand il est question de péréquation.

Trois leçons d’autodéfense intellectuelle

La première leçon d’autodéfense intellectuelle demande de s’assurer de bien comprendre ce que l’on compte. Dans ce cas-ci l’erreur qui peut être faite est celle de confondre la capacité fiscale (donc ce qu’une province pourrait taxer ou imposer) avec ce qui est réellement taxé ou imposé par une province. Ce qui est bien avec cette politique est que cela ne permet pas à une province d’obtenir par ses choix politiques plus ou moins de péréquation. Si une province fait le choix de taxer moins ses citoyens, cela ne lui donnera pas droit à plus de péréquation ; et si elle les taxe plus, cela ne diminuera pas non plus le montant qu’elle recevra.

Deuxième leçon. On parle souvent de la péréquation en utilisant le montant global reçu par telle ou telle province, et cela même si la péréquation est un montant versé par habitant. Cela porte à confusion, parce qu’une province qui est moins prospère qu’une autre recevra un montant total moindre tout simplement parce qu’elle a moins d’habitants, même si le montant par habitant est de beaucoup supérieur.

Troisième leçon. On parle de la péréquation comme d’un montant donné en fonction de la croissance économique d’une province : une province qui se trouve en mauvaise posture devrait donc recevoir plus qu’une autre province, qui est en croissance. Le versement de péréquation étant versé en se basant sur les trois années financières précédentes, l’impact d’une mauvaise année financière ne sera ressenti que dans les prochaines années et non dans l’année en cours. Il y a donc un décalage entre les montants reçus et la croissance économique d’une province.

Voilà trois exemples d’erreurs de raisonnement que l’on peut retrouver dans les débats entourant une question aussi sensible politiquement que la péréquation : et il y en a sûrement d’autres que vous pourrez trouver lorsque vous lirez sur le sujet. En attendant, j’espère que vous serez d’accord avec moi : lorsqu’on parle de données financières, il est très important de savoir compter pour ne pas s’en laisser conter.

POUR CONTINUER LA RÉFLEXION

À voir, à lire et à écouter

par Jeanne Gendreau
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Sur De l’écoféminisme à la permaculture

Un balado

De Cause à effets, le magazine de l’environnement, L’écologie au féminin, France Culture, 30-04-2017, https://www.franceculture.fr/emissions/de-cause-effets-le-magazine-de-lenvironnement/lecologie-au-feminin Une émission radiophonique en balado avec Pascale D’Erm (autrice de Sœurs en écologie, La mer salée, mars 2017) et Anne Ribes, infirmière et paysagiste. Un survol du l’apport de certaines femmes à travers l’histoire et du monde à la pensée et les réalisations écologiques.

Un film permaculture_image_reflexion.jpg Adrien Bellay, L’éveil de la permaculture, documentaire, avril 2017 Une initiation très accessible à la permaculture, sa philosophie, ceux qui la pratiquent et l’enseignent. En France, mais tout à fait exportable. « La permaculture laisse entrevoir une lueur d’espoir avec ses solutions écologiquement soutenables, économiquement viables et socialement équitables ». Accessible à tous, elle peut être mise en œuvre partout… Aujourd’hui, des hommes et des femmes se rencontrent et expérimentent cette alternative crédible. La transition permacole est en marche ! »

Sur Bâtiment 7… un an après

Deux livres

La Pointe libertaire avec Judith Cayer, Bâtiment 7, Victoire populaire à Pointe-Saint-Charles, Ecosociétés, 2013 L’histoire des luttes pour la création de Bâtiment 7, du point de vue du groupe anarchiste qui a lutté avec d’autres organismes pour mettre au monde Bâtiment 7.

Anna Kruzynski, De l’écologie sociale aux économies de communauté : pour un autre vivre-ensemble, dans « Faire partie du monde », p. 53 à 73, Remue-ménage, 2017 Anna Kruzynski est professeure à l’Université Concordia. Elle allie recherches et pratiques sur le terrain. Elle partage dans ces pages, ses réflexions de militante à Pointe-Saint-Charles du point de vue de l’écoféminisme.

Sur Citoyens, citoyennes … parlons de péréquation…

Un site internet

[https://bdp.parl.ca/sites/PublicWebsite/default/fr_CA/ResearchPublications/200820E?] un document qui présente (sans entrer dans la mécanique du calcul) la formule de péréquation du Canada.

Un blogue

Vous trouverez ici [https://jeanneemard.wordpress.com/2018/12/21/la-perequation-et-ses-pieges/,] l’excellent article de Mario Jodoin, La péréquation et ses pièges. On y explique de manière très claire et détaillée ce qu’est la péréquation et on fait le tour de ce qui s’est écrit sur le sujet dans l’actualité récente. Le site de Jeanne Émard (pseudonyme de Mario Jodoin) propose, sur une multitude de sujets, des articles toujours bien documentés et rigoureux.

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