L'Aiguillon, le bulletin d'ATTAC Vingt ans d'Attac Québec, vingt ans d'altermondialisme

Vingt ans d'Attac Québec, vingt ans d'altermondialisme

Bulletin no 67 - Avril 2021
Ce bulletin est différent de la première à la dernière page. Différent dans sa forme, différent dans son contenu. Il raconte l’histoire d’Attac par ceux-là mêmes qui, il y a 20 ans, l’ont fait naître dans le sillage de l’altermondialisme. Claude Vaillancourt parle des combats de la première heure et d’aujourd’hui, des nombreux défis qui ont été relevés, et aussi de l'énergie constante - indispensable - pour continuer l’action. Ronald Cameron rappelle que c’est en 1998, en France, suite à l’appel d’Ignacio Ramonet, dans un éditorial du Monde Diplomatique, que cette aventure a commencé. Face à la mondialisation néolibérale, l’affirmation démocratique citoyenne s’est, dès le départ, constituée en « mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action ». Le bulletin a surtout donné la parole aux militants et militante de la première heure, Alain Deneault, Pierre Henrichon – dans une entrevue exclusive - et Luce Provost - heureux de partager leurs souvenirs sur la création d’Attac Québec dans le contexte « du capitalisme triomphant de la fin des années 1990 ». Dès le départ, l’objectif a été de forger des alliances autour de ce qui reste, aujourd'hui encore, parmi les combats d’Attac : l’instauration de la taxe Tobin, la lutte contre les paradis fiscaux et les accords de libre-échange. Samuel Élie Lesage nous rappelle que les contestations étudiantes ont pris un tournant nouveau, dès 2001, en s’inspirant du mouvement altermondialiste. Le bulletin veut aussi rendre hommage à un autre militant de la première heure, Raymond Favreau, décédé en 2009. Il a été le fondateur du Conseil scientifique à qui Attac doit de multiples publications – dont l’article de ce bulletin – et deux livres: « La bourse contre la vie » et « La dette : vérités et mensonges ». Robert Jasmin, militant de la première heure et président d’Attac Québec pendant 11 ans, rappelle qu’Attac a pris son essor lors des mobilisations à Québec contre le Sommet des Amériques: « La bataille contre ce sommet s’est élargie en une bataille contre le néolibéralisme dont le libre-échange était une composante ». L’objectif initial, il y a 20 ans, de réaliser une mondialisation fondée sur l’unité de la communauté humaine reste valable plus que jamais.

Mes vingt ans d’Attac

par Claude Vaillancourt
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Je me souviens de ce samedi matin d’automne 2001 où j’ai dû rudoyer le lève-tard que je suis pour me rendre à la deuxième assemblée générale d’Attac Québec. J’y ai découvert une association bien organisée et dynamique (pourtant plus fragile que je ne l’avais cru). Mais ce qui m’a le plus marqué, c’était la grande qualité des débats qu’on y menait et la volonté d’aborder les problèmes contemporains en prenant le mal à la racine – suivant l’idée qu’on ne pourrait pas vraiment avancer sans s’attaquer aux fondements de notre système financier.

Depuis, Attac Québec est toujours restée fidèle à elle-même. Ses combats ont été nombreux, et si leur issue n’a pas toujours été aussi heureuse que nous l’aurions souhaité, ils ont été très révélateurs de maux qui nous empêchent d’obtenir une plus grande justice sociale.

Le premier combat d’Attac Québec a été relié à sa dénomination : ne sommes-nous pas l’«Association pour la taxation des transactions financières»? Nous avons donc entrepris une campagne pour convaincre nos élus d’appuyer ce que nous appelions la «taxe Tobin». Nous avons réussi à obtenir un soutien du Bloc québécois, à l’époque très majoritaire au Québec.

Comme les autres associations Attac dans le monde, nous avons constaté que la défense de cette mesure, que nous considérons toujours comme essentielle, n’était plus suffisante pour justifier nos activités, et qu’il fallait aussi s’en prendre au système néolibéral dont l’expansion rapide et englobante nous inquiétait grandement.

Deux grands problèmes nous ont alors préoccupé.e.s : les paradis fiscaux, qui demeurent une cause incontournable des inégalités sociales, et les accords de libre-échange, qui accordent aux grandes entreprises des pouvoirs gigantesques, dont celui de leur permettre de contrôler le programme législatif des gouvernements dans les secteurs qui les concernent.

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Nous avons entrepris une campagne particulièrement efficace contre l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), qui visait une libéralisation progressive des services publics. Nous nous sommes appuyé.e.s sur une campagne internationale qui demandait aux villes et communautés de se déclarer «hors AGCS». Si ce terme n’a pas été utilisé ici, notre action a mené à ce que la quasi-totalité des municipalités au Québec expriment publiquement de sérieuses réserves contre l’accord qui, par ailleurs, est devenu caduque en même temps que le cycle de Doha à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), auquel il était associé. Une belle victoire citoyenne!

Puis notre énergie s’est tournée vers les paradis fiscaux, ramenés au centre de l’actualité par une série de fuites spectaculaires. Pendant trois années, au mois d’avril, nous avons mené des actions sur la place publique, en ciblant des multinationales championnes de l’évitement fiscal, comme Apple, avec un appui important de nombreux sympatisant.e.s et une belle couverture médiatique.

L’Aiguillon, le bulletin d’Attac
Parce qu’Attac est une association qui a pour but d’informer et d’agir, le bulletin a constitué depuis le début un outil privilégié pour atteindre ses objectifs. Il vise à donner un éclairage différent et critique sur les phénomènes économiques, politiques et sociaux qui nous entourent. Monique Jeanmart en est le pilier depuis mai 2005. Tout au long de ces années, elle a su s’entourer de membres dynamiques pour l’épauler et de dizaines de collaborateurs réguliers ou occasionnels de partout au Québec et à l’étranger (Afrique, France, Maroc, Belgique, Argentine, Norvège, Japon).
Au cours des années le bulletin a évolué dans sa forme, sa présentation, et sa distribution mais est resté le témoin essentiel de nos luttes et de nos actions. Aujourd’hui, le bulletin est disponible sur notre site web, une version électronique est envoyée à tous nos membres et une reprise des articles sur les réseaux sociaux permet à un plus vaste public d’y avoir accès. Vous avez raté un no? Vous pouvez retrouver les 66 publications du bulletin sur notre site.
Attac Québec à la radio
L’émission de radio Le grain de sable, mise sur pied par Marie-Josée Vachon a duré plus de 13 ans jusqu’au 27 mai 2017. Dans une perspective altermondialiste, avec des invité-es de marque et dans une atmosphère conviviale, ce rendez-vous hebdomadaire offrait aux auditeurs et auditrices un lieu d’information et de réflexion à travers des analyses percutantes ou des expériences inspirantes. Merci à toutes ces personnes dynamiques qui se sont relayées au fil des années en donnant de leur temps et de leur talent pour maintenir ce projet exigeant. Plusieurs des sujets traités sont encore d’actualité. On peut écouter les émissions sur le blogue de l’émission qui est toujours en ligne.

Pendant toutes mes années à Attac, j’ai pu constater l’énergie constante que nous avons mise à remplir notre mission, soit faire de l’éducation populaire tournée vers l’action. Notre activité a été importante : multiples conférences données partout au Québec, participations aux forums sociaux locaux, mondiaux, et à d’autres rencontres internationales, écriture de nombreux articles, rencontres avec des camarades d’Attac de plusieurs autres pays, publication d’un bulletin et de quatre livres, émission à la radio communautaire de Québec (Le grain de sable), rencontres avec des élus, entre autres dans le cadre de commissions parlementaires, rédaction de mémoires, participation active à des coalitions (Réseaux québécois sur l’intégration continentale, Échec aux paradis fiscaux, Coalition Main rouge, Front commun sur la transition énergétique).

Tout cela de la part d’une petite organisation, avec très peu de ressources financières et sans employé.e (sauf pour de très courtes périodes). Maintenir Attac à flot pendant toutes ces années, dans de pareilles conditions, n’a certes pas été toujours facile. Le David minuscule que nous sommes doit constamment s’attaquer à un Goliath immensément plus gigantesque que celui de la Bible, ce qui peut mener à bien des découragements. Une association comme la nôtre connaît des hauts et des bas, liés à la disponibilité nécessairement changeante de nos militant.e.s. Continuer à exister, assurer une relève, alors que surgissent constamment de nouveaux groupes et de nouvelles causes, est aussi un défi, et cela dans un contexte où notre visibilité médiatique réduite permet difficilement d’attirer l’attention sur nous.

Mais Attac Québec existe toujours, et elle demeure en bonne santé, malgré tout. C’est que les causes qui sont les nôtres restent aussi centrales, alors que les inégalités sociales continuent de s’accentuer et que notre environnement ne cesse de subir de grandes atteintes. Mais surtout, Attac n’a jamais cessé d’obtenir un soutien essentiel d’un nombre élevé de personnes : des gens qui nous invitent, nous lisent, s’intéressent à notre travail; des groupes avec lesquels nous travaillons en coalition et qui profitent de notre expertise et de notre disponibilité; et principalement ces militant.e.s toujours avec nous, appuyant nos actions, venant à nos assemblées générales et à nos activités.

Avons-nous avancé ou reculé depuis la création d’Attac Québec? Chose certaine, ma participation à cette association m’a permis de me retrouver dans une grande constellation de résistant.e.s, sans laquelle le monde d’aujourd’hui serait bien pire que celui que nous connaissons présentement, avec des services publics entièrement privatisés, des émanations d’hydrocarbures polluant davantage l’atmosphère, des fortunes encore plus colossales cachées dans les paradis fiscaux, des inégalités sociales encore plus abyssales. Bien sûr, il s’agit d’un moindre mal quand on considère l’immensité de tout ce qui nous reste à corriger. Mais j’espère que les membres d’Attac Québec ressentent au moins la satisfaction non négligeable d’être du côté de la justice et de l’accomplissement d’un devoir citoyen essentiel, dans le sens profond qu’on accorde encore à ces mots, au-delà des récupérations qu’on en fait trop souvent.

 

L’aventure Attac

par Ronald Cameron
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«Le désarmement du pouvoir financier doit devenir un chantier civique majeur si l’on veut éviter que le monde du siècle à venir ne se transforme en une jungle où les prédateurs feront la loi.».
Ignacio Ramonet

 

1C’est à partir de cet éditorial, signé Ignacio Ramonet, dans le Monde diplomatique, un périodique connu pour sa posture critique, que l’idée de créer l’organisation Attac fut lancée en France en juin 1998. Différentes personnalités et une trentaine de collectifs et organisations sociales se sont rassemblés pour mener une Action pour une taxe Tobin d’aide aux citoyens, le premier nom d’Attac. Ce projet de taxe porte le nom du Prix Nobel d’économie, James Tobin, qui l’avait proposée dès 1972 pour contrer la volatilité des marchés financiers. On connaît le mouvement Attac aujourd’hui sous le nom d’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne.

Une organisation citoyenne créée par des mouvements sociaux

Il ne s’agissait pas de mettre sur pied une autre coalition de groupes, une pratique courante dans plusieurs pays, y compris en France. La trentaine d’organisations constituantes — des syndicats, la Confédération paysanne, des féministes, des groupes associatifs, citoyens, écologistes, de solidarité internationale et du monde des médias — ainsi qu’une vingtaine de personnalités, dont José Bové, Manu Chao, Susan George, Gisèle Halimi, Bernard Langlois, se sont mises d’accord immédiatement : il fallait créer une véritable organisation indépendante avec sa propre entité légale, ses instances décisionnelles et comités locaux.

Les adhésions individuelles ont immédiatement explosé, ralliant nombre de militantes et militants associatifs de différents horizons et trajectoires politiques. Plusieurs des adhésions provenaient du monde professionnel (éducation, journalisme, techno-scientifique), ce qui lui donnait une dimension originale. Deux ans et demi plus tard, Attac était devenue une organisation sociopolitique importante, avec près de 30 000 membres œuvrant dans 180 comités locaux sur tout le territoire français.

Aujourd’hui, malgré un contexte politique différent, l’aventure Attac se poursuit avec plusieurs milliers de membres, différents types d’activités éducatives, des séminaires et des universités d’été avec les mouvements sociaux. Des membres d’Attac animent des collectifs d’action et de mobilisation thématiques et locaux. Ses campagnes, dont celles contre Amazon, les paradis fiscaux ou les accords de libre-échange, ont un impact médiatique et politique remarqué. Une originalité du fonctionnement d’Attac-France est d’intégrer la représentation des mouvements sociaux au sein de l’instance de direction avec des membres individuels élus, dans une proposition de 40-60.

Un mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action

Face à la mondialisation néolibérale, l’essor du mouvement Attac repose sur la fusion entre la contestation sociale et anti-systémique, et l’affirmation démocratique citoyenne. Le but est à la fois de réaliser une action de résistance face au modèle dominant, mais aussi de mener un travail de sensibilisation plus large de la population aux enjeux socioéconomiques actuels. C’est pourquoi Attac répète depuis plus de vingt ans qu’il est un «mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action».

En plus des activités traditionnelles — séminaires, débats, capsules, essais, dossiers, tracts —, les activités d’éducation populaire intègrent les mobilisations de désobéissance civile, menées dans l’espace public sur une base non violente. Elles permettent non seulement de frapper l’imaginaire populaire, mais aussi d’attirer l’attention des médias pour multiplier la diffusion du message et la sensibilisation de la population.

Un programme réformiste anti-systémique

Trois revendications fondatrices du mouvement Attac traduisent bien la logique démocratique et anti-systémique de la démarche : suppression des paradis fiscaux, augmentation de l’imposition des revenus du capital et taxation des transactions financières (taxe Tobin). Toutes ces demandes sont légitimes d’un point de vue démocratique, mais incompatibles avec la logique du capital financier mondialisé. Les trois revendications ne sont pas seulement des guides pour l’action, mais incitent aussi, dans un exercice d’éducation populaire, à comprendre les rouages de la mécanique néolibérale.

L’abolition des paradis fiscaux vise les personnes et les institutions qui préconisent et pratiquent l’évasion fiscale. Celle-ci constitue en fait une forme de détournement légalisé des richesses produites dans un pays par l’établissement de filiales dans des pays qui n’imposent pas les revenus transférés selon une comptabilité transnationale. Ainsi, ces grands « investisseurs » peuvent éviter légalement de payer de l’impôt là où les biens et services sont produits. Il peut paraître évident en démocratie d’empêcher cette pratique de détournement des lois fiscales, mais pour les partisans de la mondialisation néolibérale en revanche, il ne peut exister de contraintes à la mobilité du capital et à la concurrence fiscale entre les États. Selon le rapport 2020 du Tax Justice Network, l’évasion fiscale priverait l’ensemble des États de 427 milliards de dollars d’impôts chaque année.

L’imposition des revenus du capital aussi peut paraître acceptable dans une perspective d’équilibre entre le capital et le travail. Or, du point de vue néolibéral, une suppression des impôts des plus fortunés et du capital est nécessaire pour stimuler l’investissement et éviter de voir fuir les fortunes vers des juridictions plus généreuses. Ainsi, avec la complicité des États nationaux, la mondialisation néolibérale a généralisé la tendance à réduire les charges fiscales pour les grandes fortunes et les grands investisseurs.

Enfin, la taxe sur les transactions financières vise à réduire la spéculation et la mobilité des capitaux, source d’enrichissement indépendante des activités économiques productrices de biens et services au bénéfice du bien commun, ce qui semble une demande démocratique élémentaire. Or, le capital mondialisé ne peut tolérer d’être limité par une taxation sur ses opérations transnationales qui constitue une entrave à sa mobilité.

Ces trois mesures fondamentales ont pour objectif de récupérer une partie de la richesse accaparée par les plus nantis pour la redistribuer afin de satisfaire les besoins sociaux, répondre aux exigences du combat environnemental et bâtir un monde alternatif à la dictature des marchés. Mais cela demande une forte mobilisation, car ce qui semble simplement relever de la justice la plus élémentaire, est jugée inacceptable par les partisan-es du libre marché.

Composante du mouvement altermondialiste

Depuis vingt-deux ans, Attac partage toujours l’objectif de combattre la mondialisation néolibérale, dans une perspective internationaliste et en convergence avec les autres mouvements sociaux.

«Un enjeu essentiel de la période consiste à porter une autre vision de la mondialisation, face au néolibéralisme d’E. Macron, A. Merkel, J. Trudeau et consorts d’un côté, et de l’autre la xénophobie de D. Trump et de chefs de gouvernement de plus en plus nombreux (…). Dans ce contexte, l’altermondialisme n’a jamais été autant nécessaire (… qui) est elle aussi en transformation et Attac peut contribuer à la redéfinition des processus de convergence et d’alliances de nos mouvements à l’international.» – Attac-France, Le rapport d’orientation, juillet 2019

Dès sa fondation, Attac-France s’est insérée dans les réseaux internationaux. Parallèlement, des groupes Attac se sont constitués dès l’an 2000 dans plusieurs pays européens, dont l’Allemagne qui compte aujourd’hui le plus grand nombre de membres du réseau international, soit 29 000. C’est aussi en 2000 que l’association Attac Québec fut créée et s’est inscrite dans la mobilisation pour le Sommet des peuples de Québec en avril 2001. Présent à Seattle en 1999 pour mettre en échec la réunion de l’OMC, le mouvement international Attac fut une composante centrale dans la naissance du FSM en 2001. Aujourd’hui, le mouvement Attac-international représente environ 90 000 membres et a des groupes dans plus d’une trentaine de pays.

L’enjeu de la planète

ronald_suggestion1_picre_attribue.jpg Attac, en éveillant les consciences, se présente comme le grain de sable dans l’engrenage de la mondialisation néolibérale. La crise financière de 2008, les politiques d’austérité, l’endettement privé et public croissant, la valorisation boursière des entreprises les plus riches à la faveur de la pandémie ou les réponses à apporter aux crises sanitaire, économique et environnementale exigent la poursuite de son combat.

Enfin, si les enjeux du réchauffement climatique étaient déjà présents il y a plus de vingt ans, ils traversent aujourd’hui toutes les luttes altermondialistes, dont le mouvement Attac. Le dérèglement de la nature a un lien évident avec la dérèglementation de l’économie. Lui mettre un frein et faire obstacle à la spéculation financière sont parties prenantes du combat contre la marchandisation du vivant et de la nature.

Nous sommes de ceux et de celles qui pensons que s’impose une transformation radicale de notre manière de vivre, de produire, d’échanger, de commercer, de voyager, de se nourrir, de partager, de prendre soin les uns des autres, bref de vivre ensemble, dans le respect de la nature et du vivant. Attac Québec, mai 2020, Appel pour un autre monde

 

 

Notes

  1. Le présent article est un chapitre d’un livre à paraître à l’automne 2021 sur l’altermondialisme, aux Presses de l’Université d’Ottawa, sous la signature conjointe de Pierre Beaudet, Ronald Cameron, Raphael Canet et Nathalie Guay.

Attac est née dans la décennie du capitalisme triomphant!

par Jeanne Gendreau
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Entrevue avec Alain Deneault et Pierre Henrichon sur la fondation d’Attac – propos recueillis par Jeanne Gendreau, le 5 mars 2021

Une militante engagée de la première heure
Entrevue avec Luce Prévost

Selon Luce Prévost, le Monde diplomatique a définitivement été l’élément déclencheur de la naissance d’Attac Québec. C’est lors d’une conférence organisée par les Amis du monde diplomatique qu’elle a rencontré Pierre Henrichon. À l’invitation des Amis du monde diplomatique, un membre fondateur d’Attac-France était venu donner une conférence qui a favorisé le contact entre ceux qui seront les premiers à décider qu’il fallait agir à Montréal. Pendant des mois, les réunions de fondation se tiendront dans son appartement. Son adresse a été l’adresse officielle d’Attac Québec jusqu’en 2007.

Pendant plus de 15 ans, elle sera la cheville ouvrière de l’organisation d’Attac : comptable, trésorière, responsable de la liste des membres, organisatrice matérielle des assemblées annuelles et des journées d’études et autres événements, relectrice des textes et des publications.

Du contexte de la fin des années 90 au Québec, elle se souvient qu’il existait au sein de la population en général peu d’intérêt pour la politique au sens large. Le discours néo-libéral était dominant tandis que celui des gauches traditionnelles perdait son emprise. Il existait peu de groupes alternatifs. Ainsi est née l’idée de contribuer à l’éducation citoyenne en développant un esprit critique et un autre regard sur la société.

«Attac Québec est née à la fin des années 90 de la décennie du capitalisme triomphant», affirme Alain Denault, heureux de partager ses souvenirs sur la création d’Attac Québec dans une entrevue réalisée conjointement avec Pierre Henrichon, premier président d’Attac Québec. Ils ont été parmi les premiers Québécois-e-s à s’être mobilisé-e-s autour de l’appel d’Ignacio Ramonet, lors de son éditorial historique dans Le Monde diplomatique. La toute nouvelle Attac-France venait d’être créée et plus d’un-e voyaient dans la Taxe Tobin une mesure susceptible de redistribuer la richesse mondiale. C’est dans cet esprit qu’Alain Deneault, Pierre Henrichon et quelques autres ont fondé Attac Québec.

Pour renoncer à utiliser le langage des « vaincus » – Alain Deneault

Avec sa verve habituelle, Alain Deneault décrit ce que fut cette « fin de siècle » qui avait vu s’effondrer, en même temps que le Mur de Berlin, le discours des gauches traditionnelles : le capitalisme mondialisé et financiarisé avait gagné la guerre froide. Cette victoire était célébrée lors des grands sommets ostentatoires rassemblant les dirigeants des pays les plus riches. Les discours de toutes les gauches – marxiste, socialiste-social-démocrate – étaient KO : les symboles du passé communiste et socialiste faisaient même partie du spectacle. Alain Deneault se rappelle ces panneaux publicitaires où Mao était coiffé d’un chapeau haut-de-forme et Staline en petit consommateur.

Le discours unique du néolibéralisme triomphateur obligeait un contre-discours minimal. Il fallait « au moins tenter de sauver quelque chose! », mais surtout « renoncer, pour un temps, à utiliser le langage des vaincus ».

Vouloir taxer les opérations financières, dénoncer les paradis fiscaux et l’évasion fiscale, s’en prendre finalement à ces inégalités visibles générées par un capitalisme sans gêne – dont les malversations scandaleuses se faisaient presque ouvertement – ont été, à l’époque de cette fin de siècle, des idées très mobilisatrices pour plusieurs militants et militantes de gauche sur la défensive, souvent dispersées et – sans doute – déçues, voire amères.

Tel est le climat décrit par un de ceux qui ont voulu résister et porté la première bannière d’Attac, voyageant en roulotte avec d’autres réseaux en s’arrêtant dans des villes au Canada pour expliquer la taxe Tobin et contrer le discours néolibéral. Ces sujets étaient balbutiants à l’époque. Le but du voyage était nul autre que la protestation contre l’Organisation mondiale du commerce à Seattle en 1999. « Moment inspirant », qui a créé, raconte encore avec passion Alain Deneault, une « dialectique politique mondiale entre capitalistes et altermondialistes ». Bien qu’il ait quitté Attac un an après sa fondation pour terminer ses études en France, il a participé à des forums sociaux et différents contre-sommets, animé par cette conscience altermondialiste qui est devenue un vaste mouvement international par la suite. Malheureusement, poursuit-il, le drame du 11 septembre 2001 a occulté cette dynamique en opposant l’Occident au terrorisme international : « même le capital, ironise-t-il, s’ennuyait de l’URSS ».

Le souci de bâtir des alliances stratégiques – Pierre Henrichon

C’est Pierre Henrichon, finalement, qui a consolidé le mouvement Attac Québec tel que nous le connaissons aujourd’hui. Interpellé lui aussi par l’éditorial du Monde henrichon_citation_derderder.jpgdiplomatique lors de recherches pour un film sur la mondialisation, il s’est vite rallié au petit groupe de départ. Il a signé le texte fondateur toujours accessible sur notre site. Il a été le premier instigateur et organisateur du congrès de fondation d’Attac en avril 2000. Il a été l’éditeur, le rédacteur et l’éditorialiste du Bulletin numéro 1, décembre 2000. (maintenant L’ Aiguillon) 2.

Pierre Henrichon a milité pendant trois ans et demi à Attac. L’objectif de départ était de forger des alliances entre groupes : associations, syndicats, réseaux sociaux, etc. pour que le mouvement Attac s’approprie les domaines des transactions financières et des paradis fiscaux et soit reconnu pour son expertise et sa formation citoyenne dans ce domaine spécifique.

Il privilégiait une approche de sensibilisation auprès de la classe politique et même des petites et moyennes entreprises, pour créer un noyau d’influenceurs capables de proposer des projets de lois et d’arracher un peu de transparence et d’argent à l’intérieur du système. D’après Pierre Henrichon, il y a eu trois étapes identifiables dans la première histoire d’Attac : l’appel spécifique relié à la taxe Tobin, la mobilisation contre le Sommet des Amériques en 2001 à Québec et finalement, le travail d’analyse et de contestation des traités de libre-échange. Cette troisième étape marque son départ et l’arrivée de Claude Vaillancourt comme président.

Deux niveaux de militantisme?

Pour Alain Deneault, faire partie et militer dans un groupe comme Attac amène nécessairement plus loin à gauche, alors que « la conscience publique nous oblige à aller plus au centre ». Par contre, précise-t-il, dénoncer les paradis fiscaux révèle le mécanisme du système capitaliste et peut servir de tremplin à une conscience de plus en plus claire des profondes inégalités qu’il génère. Il décrit ainsi deux « degrés » de militantisme susceptibles de se retrouver dans un groupe comme Attac.

Pour Pierre Henrichon, créer des documents, des livres, multiplier des séances de formation, journées d’études, colloques, etc. où sont mises en lumière – tout en dénonçant leur opacité – les dérives du capitalisme semblent constituer la raison<img1275|right> d’être d’Attac. « Mais nous étions alors en mode défensif et je craignais que ça démobilise les gens ».

La conversation aurait pu continuer plus longtemps, mais ce sont là l’essentiel du contexte et des préoccupations que Pierre Henrichon et Alain Deneault ont partagé avec nous sur la naissance d’Attac Québec. En conclusion, le premier président d’Attac veut saluer ainsi le travail du groupe actuel :

«Je lève mon chapeau aux personnes qui sont engagées actuellement dans Attac qui ont su garder la flamme allumée, plus de 20 ans plus tard!»

 

Notes

  1. Le présent article est un chapitre d’un livre à paraître à l’automne 2021 sur l’altermondialisme, aux Presses de l’Université d’Ottawa, sous la signature conjointe de Pierre Beaudet, Ronald Cameron, Raphael Canet et Nathalie Guay.
  2. https://quebec.attac.org/IMG/pd/bulletin071200.pdf

Le mouvement étudiant combatif et le Sommet des Amériques

par Samuel Élie Lesage
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Les évènements du Sommet des Amériques ont été un catalyseur important pour le mouvement étudiant. En effet, durant les années 2000 et 2001, alors que le Mouvement pour le droit à l’éducation (MDE) s’effondrait et qu’il n’existait plus d’associations étudiantes nationales se réclamant d’une vision combative du militantisme étudiant, on compte malgré tout que près de 50 000 étudiants et étudiantes ont été en grève à travers le Québec, et que près de 10 000 d’entre eux et elles ont directement participé aux protestations du Sommet.

Pour y arriver, le comité de coordination de grève, issu du Forum des Associations Étudiantes Collégiales du Québec, un regroupement non-décisionnel, a distribué près de 30 000 journaux dans l’ensemble des cégeps du Québec dès l’hiver 2001 pour informer la population étudiante des dangers de la mobilisation, et après un intense travail de mobilisation, dix campus collégiaux seront en grève.

Ainsi, malgré l’absence de coordination centralisée, les associations étudiantes ont réussi l’exploit de se coordonner en grand nombre pour participer aux protestations. Mais en plus, un tel travail a donné une impulsion importante pour le mouvement étudiant. En effet, 2001 marque la naissance de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), laquelle sera vue comme étant le bon véhicule pour poursuivre la mobilisation étudiante contre la ZLEA, après le Sommet. Ainsi, en 2002, l’ASSÉ lancera sa campagne « À bas les masques! À bas la ZLEA! » et organisera une journée de grève nationale le 31 octobre. Près de 10 000 étudiants et étudiantes se rassembleront à Montréal pour dénoncer alors les effets de la mondialisation sur l’éducation.

Il n’est ainsi pas interdit d’affirmer que la mobilisation altermondialiste a contribué à l’essor du mouvement étudiant combattif québécois!

Notes

  1. Le présent article est un chapitre d’un livre à paraître à l’automne 2021 sur l’altermondialisme, aux Presses de l’Université d’Ottawa, sous la signature conjointe de Pierre Beaudet, Ronald Cameron, Raphael Canet et Nathalie Guay.
  2. https://quebec.attac.org/IMG/pd/bulletin071200.pdf

Regards sur les corporations et les multinationales

par Raymond Favreau
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En guise d’hommage à ce co-fondateur d’Attac Québec, nous publions des extraits <img1304|left>choisis par Ronald Cameron d’un de ses articles 3 paru dans le bulletin d’Attac de juillet 2007.

Militant de la première heure, Raymond Favreau a cofondé Attac Québec et mis sur pied le Conseil scientifique. Il est décédé en 2009, peu avant la parution du deuxième livre publié par Attac Québec qu’il a initié et coordonné et qui s’intitule La bourse contre la vie. La finalisation du livre a été assurée par Claude Vaillancourt et Luce Prévost. Il avait coordonné le premier livre réalisé par le Conseil scientifique Où va notre argent?

Avocat, il détenait une maîtrise en droit des finances publiques et un diplôme en sociologie et anthropologie. Membre du Comité sur la responsabilité des organisations internationales de l’Association du droit international, il assurait la liaison avec le World Tax Justice Network. Militant engagé, nous lui devons une implication continue au sein du conseil d’administration d’Attac, et une participation très active aux Forums sociaux mondiaux. Mentionnons son apport essentiel à la réalisation de nombreux mémoires déposés devant les commissions parlementaires de l’Assemblée nationale et du Parlement fédéral.

Les multinationales sont les corporations qui œuvrent ici et là à travers le monde. Il y logo_jasmin_picre_22.jpgen a quelque 30 000. Elles ont leur siège social là où le fardeau fiscal est le plus faible, mais exploitent des entreprises partout où leurs dirigeants estiment pouvoir faire des profits. Dès qu’ils ont des doutes, elles décampent. On décrit parfois les plus grosses FMN de Fortune 500 comme formant un gouvernement américain parallèle dont les dirigeants imposent leurs diktats aux élus du Congrès. Elles dominent presque tous les aspects socio-économiques de la vie, que ce soit les produits que nous achetons, le travail et le chômage, les informations que nous recevons, la politique, les loisirs et l’environnement.

Plusieurs multinationales sont plus riches que de nombreux pays. Par exemple, les actions de Microsoft valent plus que le PIB de la Norvège, pourtant un pays riche en ressources pétrolières. Et la plupart des FMN sont dirigées par des milliardaires et des millionnaires qui, ensemble, ont plus de richesse personnelle que tous les pays pauvres réunis. Elles sont plus puissantes que plusieurs gouvernements, notamment ceux des pays dits en développement. Par l’intermédiaire de l’OMC, de la Banque mondiale et du FMI, elles dictent des politiques de restructuration des États non seulement du Sud mais aussi du G7.

Les entreprises qui gèrent des fonds spéculatifs font trembler les autorités financières nationales et internationales, du fait qu’elles contrôlent tellement de trillions de dollars qu’elles peuvent déstabiliser les finances de pays aussi riches que le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande. Mais les gouvernements, par motif idéologique du laissez-faire, ne veulent pas les assujettir aux mêmes règles que les autres fonds de placement.

Que faire face aux comportements antisociaux des corporations?

Que faire face aux comportements antisociaux des corporations, notamment, la production et le commerce des armements et de produits sans utilité réelle, les dégâts écologiques, la déresponsabilisation des actionnaires et des dirigeants, la corruption des partis politiques et des gouvernements, la perversion de la démocratie, l’augmentation des écarts entre riches et pauvres, et le crime économique, le tout à des fins d’accumulation sans fin du capital?

On peut envisager deux approches, une réformiste et l’autre radicale. Une approche serait une réforme de fond en comble du droit corporatif qui consisterait à :

  • rétablir la responsabilité personnelle des actionnaires
  • rétablir les pouvoirs restreints des corporations
  • rétablir la durée fixe des corporations
  • rétablir l’obligation de souscrire et de maintenir un capital minimal adéquat
  • rétablir l’obligation d’un minimum de trois actionnaires et administrateurs
  • rétablir le nom descriptif de la corporation
  • remettre en pratique la dissolution de corporations coupables d’actes criminels, y compris la fraude et les manipulations boursières.

Autrement dit, il s’agirait de mettre les corporations à leur place, comme dirait Susan George, d’en restreindre les pouvoirs et de bien les encadrer dans une réglementation sévère et rigoureusement appliquée. Pour l’instant, on ne voit pas de volonté politique en ce sens. Les discours des candidats aux élections québécoises du 26 mars 2007 en témoignent : pas un mot sur le comportement des grosses corporations.

Une autre approche plus radicale serait celle prônée par des altermondialistes : l’abolition de la corporation et son remplacement par des structures coopératives, égalitaires, et autogérées par les employés. Pour le professeur émérite de droit corporatif à l’Université York Harry Glasbeek, le problème de fond est le système des relations de production, c’est-à-dire le capitalisme en tant que tel, dont la corporation n’est qu’un des outils importants.

Quelle que soit l’approche, réformiste ou radicale, il y aurait lieu de remettre en question la structure corporative et le mode de fonctionnement de ces entités juridiques, qui font la pluie et le beau temps, et nous dirigent vers des lendemains sombres, quoi qu’en disent les gourous de l’économie de marché.

Notes

  1. Le présent article est un chapitre d’un livre à paraître à l’automne 2021 sur l’altermondialisme, aux Presses de l’Université d’Ottawa, sous la signature conjointe de Pierre Beaudet, Ronald Cameron, Raphael Canet et Nathalie Guay.
  2. https://quebec.attac.org/IMG/pd/bulletin071200.pdf
  3. Raymond Favreau, De Enron à Norbourg : scandales et complaisance, Bulletin Attac Québec, le 18 juillet 2007

Québec 2001-2021: Mémoire, leçons et perspectives

par Robert Jasmin
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Attac Québec venait à peine de voir le jour lorsqu’en 1999, des militants et des militantes s’impliquèrent profondément dans l’organisation de la résistance citoyenne contre l’offensive néolibérale qui avait choisi Québec comme lieu d’accomplissement de ses basses œuvres lors du Sommet des Amériques de 2001. Au-delà des événements marquants des affrontements qui eurent lieu lors de cette semaine d’avril 2001 et de la victoire citoyenne continentale trois ans plus tard, il faut retenir de cette bataille, la longue préparation de plus d’un an de mobilisation et surtout de formation et d’information à laquelle Attac a participé très activement.

Les Brigades d’information citoyenne-Les Bic Propos recueillis par Monique Jeanmart Inventées à Cuba pour vaincre l’analphabétisme, les Brigades d’alphabétisation , avaient pour mot d’ordre que chaque personne qui sait lire et écrire forme une brigade avec sa famille et ses voisins et leur enseigne à lire et à écrire. Cette stratégie a été une réussite sans précédent dans l’histoire de l’alphabétisation reconnue par l’UNESCO tant par sa simplicité et son originalité que par les résultats obtenus. De retour de Cuba après une rencontre de l’Alliance continentale, Robert Jasmin et quelques militants et militantes ont eu l’idée de convertir cette stratégie pour en faire un outil d’éducation économique et politique. Avec l’aide de la CEQ, qui a prêté locaux et machines d’impression, ont été produites des trousses citoyennes, petites cassettes contenant le matériel. En 2004, une grande activité de lancement s’est tenue à Rimouski. Pendant 3 jours, 50 militants et 50 militantes venu.e.s de partout au Québec ont démarré cette grande campagne qui pendant plusieurs années portera le message d’Attac dans tous les milieux partout au Québec.

Nous avons retourné contre elle-même toute la publicité-propagande des néolibéraux qui ont attiré l’attention sur le Sommet des Amériques. La curiosité des citoyens fut telle que nous avons eu peine à répondre à la demande d’information venue de partout. Des rencontres de formation ont donc été organisées dans les CLSC, dans les Cégeps, les universités, les communautés religieuses….et même dans un groupe de gens d’affaires. La bataille contre le Sommet du libre-échange s’est élargie en une bataille contre le néolibéralisme dont le libre-échange était une composante.

Ce sont aussi des militants d’Attac Québec qui, dans la foulée de cette lutte mémorable, ont eu l’idée de créer les BIC, les Brigades d’Information Citoyenne, qui se sont répandues dans tout le Québec avec une trousse comprenant des fascicules sur les effets du néolibéralisme dans tous les domaines de la vie sociale et politique. Attac Québec a donc parfaitement accompli la mission qu’elle s’était donnée lors de sa création.

Il y a 20 ans, René Passet, premier président du conseil scientifique d’Attac, nous invitait à briser les limites du champ d’action imposées par la finance et à réaliser un mondialisme fondé sur l’unité de la communauté humaine. Cette incitation est encore plus valable aujourd’hui avec un développement des communications qui transcendent les frontières et un accroissement des inégalités entre nations et au sein des nations. Attac demeure plus que jamais pertinente dans sa lutte traditionnelle pour une fiscalité qui non seulement doit être revue de fond en comble, mais qui doit s’arrimer à la lutte pour un environnement où la croissance serait humanisée et limitée. La crise sanitaire et ses conséquences économiques commencent à modifier la donne : de plus en plus de personnes constatent la faillite du néolibéralisme, redécouvrent l’importance de l’État dans la redistribution des richesses et le besoin de régulation qui est nécessaire dans tous les domaines.

C’est un constat paradoxal, car malgré un accroissement de ce niveau de conscience, on a constaté un effondrement des gauches politiques un peu partout. Mais il semble y avoir un sursaut de sens commun dans une partie de la gauche politique, notamment aux États-Unis et au Brésil où l’espoir est permis. On ne peut cependant mettre tout notre espoir dans la lutte politique traditionnelle. Il faut revenir à la nécessaire mobilisation citoyenne pour une information et une formation dans tous les milieux. Attac demeure un modèle du type d’associations dont la société a besoin plus que jamais.

 

Notes

  1. Le présent article est un chapitre d’un livre à paraître à l’automne 2021 sur l’altermondialisme, aux Presses de l’Université d’Ottawa, sous la signature conjointe de Pierre Beaudet, Ronald Cameron, Raphael Canet et Nathalie Guay.
  2. https://quebec.attac.org/IMG/pd/bulletin071200.pdf
  3. Raymond Favreau, De Enron à Norbourg : scandales et complaisance, Bulletin Attac Québec, le 18 juillet 2007

Contact

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À SURVEILLER: Trois activités entourant le lancement du livre:

À MONTRÉAL:

– Dimanche 23 mai, de 9h30 à 10h45, webinaire à la Grande Transition

Les enjeux de l’altermondialisme aujourd’hui.

– Jeudi 10 juin : conférence / webinaire

L’altermondialisme en débat.

À QUÉBEC:

– Samedi 5 juin : lancement dans le cadre de la journée de commémoration du Sommet des Amériques de Québec en 2001. Les activités auront lieu en présence ou en ligne selon les consignes sanitaires du moment.

Tous les détails dans notre Infolettre, sur le site web et sur notre page Facebook

 

ÉQUIPE DU BULLETIN:

Coordonnatrice: Monique Jeanmart

Coordonnatrice adjointe: Jeanne Gendreau

Mise en page électronique: Wedad Antonius et Jeanne Gendreau

Crédit photos de la page couverture: Attac Québec et André Querry

Graphiste pour la page couverture et le Logo du bulletin: Samuel Montigné

Révision linguistique: Roberta Peressini

 

Pour toute suggestion, commentaire ou questions, veuillez vous adresser à Monique Jeanmart moniquejeanmart@videotron.ca

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Notes

  1. Le présent article est un chapitre d’un livre à paraître à l’automne 2021 sur l’altermondialisme, aux Presses de l’Université d’Ottawa, sous la signature conjointe de Pierre Beaudet, Ronald Cameron, Raphael Canet et Nathalie Guay.
  2. https://quebec.attac.org/IMG/pd/bulletin071200.pdf
  3. Raymond Favreau, De Enron à Norbourg : scandales et complaisance, Bulletin Attac Québec, le 18 juillet 2007