L’empreinte écologique est un concept inventé au début des années 1990 par William Rees et Mathis Wackernagel, dans le cadre de la thèse de doctorat de ce dernier, à l’Université de Colombie-Britannique. Leur objectif était d’illustrer le caractère non durable de nos modes de vie occidentaux. Il s’agit d’un moyen utile pour s’auto-sensibiliser sur les conséquences de notre mode de consommation.
Concrètement, l’empreinte écologique permet de mesurer la superficie nécessaire pour satisfaire à la consommation d’une population ou d’une personne donnée. Cet outil évalue la pression qu’un mode de vie exerce sur la nature. Selon cette mesure, il est manifeste que la plupart des individus dans les sociétés économiquement riches, à moins d’être en situation de pauvreté, vit bien au-dessus des moyens offerts par notre planète. C’est une réalité qui s’ajoute à une autre que nous avons tendance à oublier : la Terre est limitée.
Le potentiel des citoyen.nes engagé.es
En général, les militant.e.s exigent des politicien.nes de poser des gestes forts, de prendre le leadership de la nécessaire transition socio-écologique, et nous serions tou.tes d’accord pour reconnaître ce besoin de courage politique que nous réclamons haut et fort. Or, les mesures essentielles à mettre en œuvre ne sont et ne seront pas populaires puisqu’elles sous-entendent une réduction de notre confort et de bon nombre de nos habitudes. En effet, l’enjeu est d’accepter un mode de vie plus proche de la sobriété, pour ne pas dire de la décroissance. Or, si nous société, et nous progressistes démontrions que nous sommes prêt.es à changer nos routines et à accepter les interventions costaudes, aptes à réduire notre production de gaz à effets de serre (GES), notre consommation en général et notamment nos besoins en énergie, cela aiderait beaucoup les politicien.nes à s’engager pour de réels changements. Parce qu’ainsi, nous démontrerions que nous sommes prêt.es pour ce type de réels changements, prêt.es à voter et à élire les leaders et les programmes politiques drastiques dont nous avons tant besoin. Pour qu’il y ait une suite du monde.
En tant que citoyen.nes engagé.es et conscient.es des conséquences de notre système économique mondialisé contemporain, nous avons bien sûr tou.tes plutôt à cœur de respecter la capacité limitée de nos ressources naturelles ainsi que l’égalité dans le partage de celles-ci, entre tous les habitant.es de cette Terre. C’est pourquoi un outil de calcul introspectif sur notre consommation personnelle semble tout à fait pertinent pour réfléchir et agir, encore mieux, en tant que militant.es averti.es.
Un rapide calcul individuel : c’est par ici!
Si vous ne l’avez pas déjà fait, vous pouvez utiliser dès maintenant ce calculateur individuel afin d’avoir une meilleure idée du nombre de planètes que votre mode de consommation personnel représente. En effet, ce type d’outil comptabilise les impacts de notre consommation en les transformant en une surface terrestre. Ceci permet de déterminer le nombre de planètes que notre mode de vie nécessiterait si chacun.e sur la planète suivait selon notre exemple personnel?
https://www.footprintcalculator.org/sponsor/FR/fr
En moyenne, au Canada, nous représentons cinq planètes, alors qu’il faut bien sûr tendre vers une seule planète. C’est ça aussi la réalité : il n’y a pas de planète B.
Dans la rubrique « Pour continuer la réflexion », deux articles proposent d’autres outils de calcul. Il y en a un conçu pour sensibiliser les jeunes en particulier.
Parmi les sources de production de gaz à effet de serre (GES), l’avion
Les outils de calcul d’empreinte écologique individuelle représentent donc un moyen de sensibilisation pertinent pour augmenter les efforts de chacun.e à s’attaquer aux nécessaires changements d’habitude, à réduire ses propres besoins en énergie et ce, à partir d’une prise de conscience et d’une volonté individuelle. Ils donnent des indications sur les gestes les plus producteurs de GES comme la consommation de viande ou l’utilisation de l’avion. Ces deux sources importantes du problème ne semblent pas être des réalités suffisamment connues (considérant l’importance de ses utilisateurs). Aussi, regardons maintenant ensemble l’exemple des déplacements en avion.
Afin de limiter le réchauffement planétaire, chaque terrien devrait émettre au maximum 2 tonnes équivalent de CO2 par personne et par année. Or, la moyenne au Canada est plutôt de l’ordre de 14,3 tonnes (pour comparaison, en France elle est de 4,74 tonnes). Bien sûr, cela dépend de la province de résidence : les Québécoi.ses ont l’énorme avantage de pouvoir compter sur l’hydro-électricité, une source d’énergie considérée propre, notamment pour se chauffer.
Afin de se donner une meilleure idée de l’impact carbone des déplacements en avion, regardons l’exemple d’un voyage à Paris. Effectuer 11 000 km aller et retour, en classe économique, équivaut à la production de 1,73 tonnes de GES, soit 86, 5 % d’un budget carbone individuel annuel. Mettons qu’il ne reste plus grand-chose à consommer après ça pendant le reste de l’année.
De même, dans une simulation réalisée pour tenter de visualiser quel serait notre quotidien si nous nous donnions les moyens drastiques de respecter les limites de la planète, on ne ferait que 1000 kilomètres en avion par année. Cela signifie que pour s’offrir un Paris-Montréal aller et retour en avion, il faudrait épargner une « petite caisse de kilomètres » et patienter ainsi, avant de vivre ce voyage pendant… dix ans!
Imaginons maintenant un.e Québécois.e qui envisage partir à Katmandou au Népal pour participer à un événement international, cela équivaudrait à un effort de cumul de kilomètres sur… 20 ans (et 5,3 tonnes de GES produits). Dans ces conditions, une fois que l’on prend conscience des conséquences carbones de ce type de choix, il s’agit de bien évaluer les raisons qui rendent vraiment nécessaires notre déplacement.
Pour réaliser les impacts de nos projets de voyages, nous pouvons utiliser un calculateur de production de GES comme « Calculer et soutenir. My climate shape our future » : https://co2.myclimate.org/fr/portfolios?calculation_id=6550442
Bien sûr, on peut chercher à éviter les escales car c’est le décollage qui nécessite le plus d’énergie. Certain.es pourraient aussi expérimenter d’aller en Europe en bateau, mais cela prendra en temps une semaine à l’aller et une autre au retour. Oublions la croisière en revanche, son impact est supérieur à celui de l’avion. Sur un cargo, théoriquement c’est possible de voyager mais ce type de transport est actuellement destiné aux marchandises, le déplacement semblera long. Il reste le voilier, comme Greta Thunberg en 2019, en espérant que les tempêtes ne s’intensifient pas sur les mers avec les changements climatiques.
En résumé, concrètement, la marche semble très haute entre notre consommation actuelle de déplacements en avion et la conscience de ses impacts pour la planète, et ce, quelles que soient les excellentes raisons que nous pouvons avoir, chacun.e, d’utiliser ce moyen de transport. Alors, la réflexion s’impose, ainsi que le débat pour évaluer éventuellement ensemble ce que nous ferons avec cet enjeu? Progressistes, quelles limites s’auto-donne-t-on?
Une invitation pour échanger sur cet enjeu
Au sein du Conseil d’administration d’Attac Québec, nous avons commencé à aborder ce sujet difficile en 2023, en lien avec les rendez-vous internationaux comme les Forums sociaux mondiaux, chers au cœur des altermondialistes.
Aussi, nous vous proposons de continuer à en discuter ensemble.
Attac Québec vous invite à
un 5 à 7 sur l’empreinte carbone et les déplacements en avion,
le jeudi 7 novembre au 3720 avenue du Parc à Montréal
avec Nathalie Berthélémy de CADET http://www.coopcadet.org/
La consommation fait partie des sujets importants pour Attac Québec, échangeons ensemble sur les transformations que nous voulons impulser et renforcer dans notre société.
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