Les rideaux sont tirés sur la COP 21. Si elle a constitué un indéniable succès politique en amenant 195 pays aux intérêts très diversifiés à s’engager à lutter contre les changements climatiques, dans une perspective citoyenne il est certain que l’entente signée – à cause de la cible fixée et surtout parce qu’elle constitue une position de principe non contraignante – ne sauvera pas la planète. De conférence en conférence, une évidence s’impose: le monde doit changer, mais la planète ne sera pas sauvée par les politiciens, ni par les ententes internationales.
Un autre constat s’impose : malgré les rapports alarmants qui montre l’urgence, le combat contre la dégradation de la planète peine à mobiliser les citoyen-ne-s comme si, parce que les causes sont lointaines et invisibles, de cette information, résultait un déni de la réalité ou – pire encore – un sentiment d’impuissance et un repli sur l’individualisme. Une question se pose dès lors: comment mobiliser les masses dont le seul horizon est la visite au centre d’achat la fin de semaine? Comment susciter ce grand élan global indispensable pour rendre possibles les changements de mode de vie et les révolutions économiques sans lesquelles nous sommes voués à disparaître.
D’abord il faut changer notre vision du monde et notre message pour que l’écologie ne soit plus perçue comme une contrainte, mais comme une opportunité. Que réduire notre dépendance au pétrole ne soit plus seulement la perte de milliers d’emplois et d’une certaine liberté, mais l’ouverture sur une autre vision d’un monde qui n’est pas totalement à inventer, mais qui existe déjà en germes ailleurs sur la planète. Que notre rapport à la terre doit changer pour cesser de la voir comme un ensemble de ressources à exploiter – ou pire encore le lieu où déposer nos rejets sous forme de pollutions diverses – mais comme une alliée à protéger. Déconstruire certaines vérités établies pour expérimenter des fondements différents à notre vie collective. Sortir de l’impasse économique actuelle – fondée sur l’extractivisme, le consumérisme et la course à la croissance sans fin – pour montrer que de nouveaux modèles existent avec de nouveaux emplois, de nouvelles façons de vivre et de travailler dans des économies différentes basées non plus sur des rapports d’exploitation, mais sur la collaboration, la solidarité et le partage. De nouveaux modes de vie qui ne sont pas un retour en arrière vers une vie austère et triste, mais l’utilisation des nouveaux moyens technologiques pour les mettre au service des humains et non de l’ogre capitaliste et du profit.
Mais le plus important sans doute est de montrer que ces changements ne sont pas des utopies, mais que des dizaines de milliers de personnes partout dans le monde les expérimentent déjà et tracent la voie d’un nouveau monde. Depuis son existence, le Forum social mondial a été ce lieu stratégique et rassembleur où des militants venus de continents différents ont partagé leurs expériences et leurs luttes. S’il constitue un lieu de dialogue et d’échange, il est également un amplificateur des luttes locales et un puissant moyen pour faire connaître ces nouvelles pratiques. Alors qu’il se tiendra cet été à Montréal, pour la 1re fois dans un pays du Nord, il constitue une formidable opportunité pour faire converger – et surtout faire connaître – ces nouveaux mondes en émergence pour insuffler un réel processus de transformation.
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