Souvent, au Québec, nous avons l’impression de mieux combattre le réchauffement climatique que dans les autres provinces canadiennes. Nous profitons en fait pleinement de notre situation géographique qui nous permet de produire de l’énergie renouvelable en grande quantité grâce à l’hydro-électricité et d’avoir très peu d’hydrocarbures à exploiter sur notre territoire, ce qui fait qu’il est facile d’y renoncer.
Par contre, nous avons la responsabilité de bien gérer l’espace que nous occupons et de devenir exemplaires dans l’utilisation de notre énergie. Ce qui est loin d’être le cas. Déjà, notre consommation de pétrole est trop élevée, ne serait-ce que par notre appétit pour les gros véhicules utilitaires sport (VUS) et par notre incapacité de mettre en place des transports collectifs dignes de ce nom.
Le projet de loi 69 (PL69), pour moderniser les lois entourant l’énergie, est en ce sens particulièrement décevant. Nous nous serions attendus à un plan innovant, qui tient compte du discours des scientifiques et qui permettrait un virage écologique significatif à la grandeur du Québec.
Il est plutôt le produit d’un gouvernement plus préoccupé par la performance économique que par la nécessité de protéger l’environnement. Cette obsession du rendement risque de se retourner contre la population québécoise : la productivité envisagée dans le PL69, celle d’un autre siècle, aura des coûts financiers élevés pour elle sans que les profits qu’en retireront quelques grandes entreprises ne soient redistribués. Et notre environnement en subira de durs contrecoups.
Les environnementalistes se sont braqués, à juste titre, contre le projet de loi. Celui-ci ne prévoit pas de mesures pour la décarbonation. La hausse voulue de la production d’électricité par la construction d’infrastructures coûtera cher et la facture sera refilée à la population du Québec. Le PL69 facilitera la privatisation du réseau.
À Attac Québec, nous nous préoccupons particulièrement de ce dernier aspect. Il est très attrayant pour les entreprises privées de reprendre cette belle poule aux œufs d’or qu’est le marché de l’électricité qui leur a été confisqué par la création d’Hydro-Québec. Dans notre mémoire sur le PL69, nous donnons le cas d’espèce de la compagnie Brookfield qui tente d’acquérir des infrastructures publiques de production d’électricité tout en étant la championne canadienne de l’évitement fiscal. Le gouvernement du Québec voudrait donc être le complice d’une pareille entourloupette : prendre le bien public et cacher les profits qui en résulteront dans les paradis fiscaux?
Il est évident pour nous qu’il faut reporter ce projet de loi et reprendre tout à zéro. La CAQ doit cesser de gouverner sans entendre les préoccupations des expert.e.s, des environnementalistes, des groupes citoyens, comme elle l’a fait cavalièrement dans l’affaire Northvolt, avec les inconvénients qui en découlent. Recommencer le projet de loi à neuf : c’est la seule véritable option pour le gouvernement Legault.
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