Depuis 20 ans nous luttons pour un autre monde. Et si celui qui se construit dans l’urgence, sous nos yeux, en catastrophe préparait ce nouveau monde. Devant un ennemi commun invisible et implacable soudain l’État se réveille, trouve les ressources nécessaires, force les changements adopte des mesures ambitieuses montrant qu’il a le pouvoir d’agir et de contraindre. Les données – et les images satellites – le montrent partout de la Chine à l’Europe en passant par l’Amérique du Nord les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont diminués de 25 % par suite du ralentissement des activités industrielles et des transports aériens, routiers et maritimes. La demande mondiale pour le pétrole a chuté de 30 %.
En Chine le ciel est redevenu bleu depuis l’arrêt de la production de l’électricité au charbon et la disparition des marées de véhicules automobiles. Au Québec alors que l’atteinte des cibles paraissait impossible, elle semble aujourd’hui à portée de main. Télétravail et confinement des VUS pollueurs en même temps que celui de leur propriétaire, montrent que les États retrouvent leur pouvoir d’agir, d’imposer, de contraindre quand l’urgence est là, visible et dramatique dans ses conséquences impossibles à occulter. Le confinement et l’obligation de distanciation sociale agissent également sur le vivre en ville. On redécouvre la marche et le vélo avec comme conséquence que nos rues tout à l’auto n’y sont pas favorables : trottoirs pas assez larges pour respecter la distanciation.
Des initiatives surgissent – tel l’aménagement de corridors sécuritaires qui redonnent à chacun sa place dans l’espace urbain. Rues devenues piétonnes ou réellement partagées entre autos, vélos et piétons on découvre que c’est possible quand les pouvoirs publics prennent les bonnes décisions. Les contraintes imposées par la crise seront longues, mais déjà les États préparent les mesures qui annoncent la relance de l’économie. Un fait s’impose : la seule façon de lutter contre la Covid19 a été de réorganiser la vie collective en se basant sur la science : statistiques, courbes, épidémiologie justifiaient chaque jour les injonctions des gouvernements. Progressivement il faudra sortir de cette vie et remettre en marche tout ce qui a été arrêté ou ralenti : remettre l’économie sur les rails et les travailleurs au travail. Les pressions seront fortes pour retrouver au plus vite les politiques destructrices antérieures.
Nous sommes à un moment historique : c’est ici que tout pourrait changer. Demain ne ressemblera pas à hier si nous luttons avec les centaines d’organismes qui comme nous voient ce moment comme la possibilité de changer de paradigme. La science du climat doit être le phare qui guidera les politiques de sortie de crise. Ses consignes sont connues : société sobre en carbone, qui produit moins et mieux et consomme moins, justice climatique pour réparer les injustices sociales et climatiques qui déchirent la planète. Nos gouvernements auront-ils le courage, comme ils l’ont fait pour la Covid19, de prendre les décisions qu’imposent la santé de la planète. A nous de les forcer et il faut commencer aujourd’hui.
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