La planète traverse une crise sans précédent dans l’histoire humaine : crise environnementale et climatique, persistance de la pauvreté, croissance des inégalités. Partout les gouvernements se font complices des élites capitalistes, plient devant le pouvoir démesuré des multinationales et des lobbys financiers et industriels. Le recul de la démocratie génère pessimisme, cynisme et la montée d’un individualisme destructeur du lien social.
Et si un autre regard s’imposait. Si une autre vision permettait de sortir du regard négatif que nous posons sur ce qui va mal. «Vivez! Luttez! Aimez! Associez-vous! Éduquez! Résistez aux choses!» C’est le message du sociologue Edgar Morin 1 aux générations qui le suivent.
Regards sur ceux qui partout sur la planète se lèvent pour changer les choses!
14 février 2018. Une tuerie de plus. Une tuerie de trop. Celle qui a allumé le feu de la révolte chez les jeunes Américains. Depuis lors ils sont des dizaines de milliers à sortir des collèges pour prendre la rue et transformer la tragédie en action. Le 24 mars ils seront 500 000 – ou plus -pour la March for our lives (marche pour nos vies). Jeunes, vifs, cohérents et décidés, ils sont en voie de forcer la remise en question d’un système archaïque qui donne le droit à chaque individu de s’armer pour se défendre.
Leurs slogans #enough et #never again courent sur les réseaux sociaux alimentant la volonté d’en finir avec la soumission – et l’inertie – des politiciens face aux puissants lobbies des armes à feu. Ils se dressent contre un président qui n’a à leur offrir que plus d’armes pour éviter d’autres tueries.
Octobre 2017. Des femmes dénoncent les agressions sexuelles commises par le producteur Harvey Weinstein. Un appel sur les réseaux sociaux fait boule de neige. # me too embrase la planète entière pour amener les femmes à sortir de leur long silence de victime et mettre fin à l’indifférence généralisée qui fait peu de place – et encore moins d’écoute – aux dénonciations des femmes. Depuis, aux quatre coins de la planète des mots-clics fleurissent pour dénoncer et faire taire le long silence qui entoure les agressions sexuelles et permettre le partage de leur histoire.
Octobre 2012. Suite au dépôt du projet de loi C45 par le gouvernement de Stephen Harper quatre femmes autochtones se lèvent en Saskachouan. Elles protestent contre un projet de loi «omnibus» qui modifie les règlements sur la protection des voies navigables au profit de l’entreprise privée. La même loi modifie des articles de la loi sur les Indiens, particulièrement ceux qui concernent la désignation des terres autochtones dans les réserves les rendant vulnérables aux intérêts privés. Idle no more <img843|right>était né. Le mouvement a pris de l’ampleur, comme une hydre à multiples têtes, il compte maintenant des ramifications partout dans le pays, mobilisant particulièrement jeunes autochtones et métis pour mettre fin à la passivité. Partout ils se lèvent pour agir et forcer la reconnaissance de leurs droits.
Partout on voit poindre des mouvements de résistance populaires spontanés qui créent de nouvelles solidarités. Partout des citoyens – jeunes et moins jeunes- utilisent les nouveaux moyens comme les réseaux sociaux pour s’organiser dans des mouvements populaires spontanés pour résister à un système qui les ignore et se lever à la défense du bien commun. Ces initiatives, même si elles ne sont pas reliées concourent à créer une autre logique. Ils sont l’étincelle qui réveille et qui, par son dynamisme, pourrait secouer l’inertie du système. Le monde n’est pas figé il se transforme même si nous le voyons pas.
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