Quel lien y a-t-il entre la taxe sur les transactions financières, le lobbyisme et les pertes et préjudices pour les pays vulnérables? En apparence, rien d’évident. Mais en examinant la situation, on peut y voir un fil bien solide.
Les « pertes et préjudices » ont été un des sujets majeurs de discussion lors des Conferences of the Parties de l’Organisation des Nations unies (COP), aussi bien les COP sur le climat que la toute dernière sur la biodiversité à Montréal. Nous savons que les pays du Sud subissent le plus cruellement les effets du réchauffement climatique et de la perte de la biodiversité, alors que les pays du Nord sont, de loin, les premiers responsables de ces problèmes.
Dans les COP, les pays du Sud demandent des sommes importantes pour compenser les dommages qu’ils subissent. À la COP 27 sur le climat, on a parlé d’un montant nécessaire de 300 milliards de dollars par année (un chiffre qualifié de prudent), alors qu’il y a eu entente pour une somme de 100 milliards $. À la COP 15 de Montréal, les pays développés se sont engagés à fournir 30 milliards $ par année, ce qui a semblé insuffisant à plusieurs.
Mais les pays qui en le plus besoin verront-ils la couleur ce cet argent? Les histoires de non-paiement de sommes promises sont hélas trop nombreuses…
Dans les négociations, les pays développés prétendent ne pas avoir les moyens de donner davantage. Le fait que les taxes et impôts payés par leurs citoyen.ne.s ne suffisent pas à offrir de bons services publics à leur population pourrait être un argument allant en ce sens.
Mais nous savons à Attac que l’argent se trouve aussi (et surtout!) ailleurs. Entre autres dans les transactions financières, des milliers de milliards de dollars qui s’échangent chaque jour, sans que personne d’autre que les spéculateurs n’en tirent vraiment profit.
Nous arrivons à cette question de la taxe sur les transactions financières, un retour aux sources pour Attac ! Rappelons que cette taxe minimale appliquée à toute transaction financière (marché des changes, actions boursières, produits dérivés) pourrait ralentir la spéculation à haut risque et générer des revenus considérables, sans que l’économie productive en soit affectée.
Une bonne partie des sommes en provenance de cette taxe pourrait donc être attribuée pour compenser les pertes et préjudices de pays victimes des excès du développement du Nord, des sommes beaucoup plus généreuses que celles promises jusqu’à maintenant, et plus faciles à distribuer parce qu’elles ne grèvent pas le budget des États. Et il resterait encore de l’argent pour régler d’autres problèmes criants.
Mais pourquoi personne n’a-t-il pensé à appliquer cette brillante solution? C’est ici qu’intervient la question du lobbyisme. Celui des grandes banques s’est littéralement acharné contre cette idée. Les banquiers s’en sont offusqués : comment oserait-on chercher à limiter, ne serait-ce qu’un tout petit peu, leurs profits gigantesques?
Ils se sont surtout acharnés contre un projet de taxe européen qui allait se mettre en place. Ils ont actionné tous les rouages du lobbying : rencontres avec des élu.e.s, publication d’articles contre la taxe dans des médias prestigieux, recours à des personnalités du milieu de la finance pour discréditer le projet, etc.
Résultat : une victoire totale des lobbyistes. C’est à peine si aujourd’hui on ose encore en mentionner l’idée. Pourtant, celle-ci devrait absolument rester dans l’arsenal des solutions pour contrer les dangers climatiques et pour mieux répartir la richesse.
D’où notre volonté de nous en prendre au lobbyisme, dans notre journée d’étude du premier avril et dans la campagne qui s’ensuivra. Bien sûr, la taxe sur la transaction financière n’est qu’une seule des innombrables cibles des lobbyistes. S’attaquer au lobbyisme est un autre combat de David contre Goliath… Mais si on le néglige, celui-là, la démocratie continuera à en être durablement affectée.
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